Zoom sur les méthodes de réduction de l’empreinte carbone en grandes cultures
Certes, le secteur agricole émet des gaz à effet de serre, mais il a également des marges de manœuvre pour réduire ces émissions et pour stocker du carbone dans les sols, limitant ainsi les émissions résiduelles.
Notre conseillère environnement vous dévoile quelques pistes pour une diminution des GES, avec la possibilité de cumuler les leviers d’atténuation entre eux.
La nécessité d'établir un diagnostic carbone
Le diagnostic carbone apporte une photographie de la situation initiale de votre ferme (basée sur la moyenne des 3 dernières campagnes en grandes cultures), et une co-construction des évolutions possibles est réfléchie pour les 5 ans qui suivent le bilan initial.
Les pratiques agricoles liées à la fertilisation des cultures contribuent notamment aux émissions de protoxyde d’azote (N2O). Celui-ci a un haut potentiel de réchauffement global, presque 300 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone CO2. Il est donc important de limiter sa propagation dans l’atmosphère.
Les procédés de fabrication des intrants de synthèse et organiques émettent des Gaz à Effet de Serre (GES) et les émissions directes au champ dues à leur application pèsent fortement dans le bilan carbone.
Comment réduire les émissions de GES ?
Si le secteur agricole émet des GES, il a également des marges de manœuvre pour réduire les émissions et pour stocker du carbone dans les sols, limitant ainsi les émissions résiduelles.
Voici quelques pistes pour une diminution des émissions sont détaillées, avec la possibilité de cumuler les leviers d’atténuation entre eux :
Utilisation des engrais
- Substitution des engrais minéraux par des engrais organiques,
- Privilégier des engrais minéraux faiblement émetteurs (cf. tableau 1),
- Ajustement de la dose épandue grâce à l’utilisation d’Outil d’Aide à la Décision (OAD),
- Modulation intraparcellaire,
- Prise en compte des conditions climatiques pour le déclenchement des apports,
- Utilisation de formes d’engrais moins émettrices,
- Enfouissement des apports organiques et minéraux.
Consommation des combustibles fossiles
- Réduire le nombre de passage des engins agricoles,
- Réduire la consommation d’énergie des engins (écoconduite, banc d’essais moteurs…) et éventuellement du système d’irrigation.
Introduction de cultures/variétés à plus faible besoin en azote, de légumineuses dans la rotation (en culture principale et/ou associée).
Émissions de GES selon différents engrais
Type d'engrais | Émissions de GES à la fabrication (kg eq CO2/unité) | Émissions de GES (NH3, NOx) à l'utilisation (kg eq CO2/unité) | Émissions de GES totales (kg eq CO2/unité) |
---|---|---|---|
Ammonitrate |
3.97 | 7.88 | 11.85 |
Solution Azotée |
4.99 | 8.19 | 13.18 |
Urée |
4.54 | 8.45 | 12.99 |
Triple superphosphate (Super 45) |
1.45 | 0 | 1.45 |
Diammonium phosphate (18/46) |
3.02 | 7.86 | 10.88 |
Chlorure de potasse |
0.71 | 0 | 0.71 |
Focus sur les légumineuses
Accroître la part des légumineuses présente des intérêts puisque cette famille de végétaux est capable de fixer l’azote captée dans l’air directement dans le sol.
Pois, féverole, lentille, pois chiche, lupin, soja… ces légumineuses à graines constituent des instruments efficaces pour réduire de façon certaine l’empreinte carbone des grandes cultures, tout en dynamisant la production de protéines végétales.
Luzerne, trèfle peuvent également servir à l’alimentation animale.
Le développement du "puits agricole"
Pour diminuer l’empreinte carbone de votre ferme, et plus globalement contribuer à l’atteinte des objectifs climatiques, le développement du « puits agricole », c'est à dire le carbone absorbé par les sols agricoles, est central. Le stock initial de carbone organique des sols français sur l’horizon de travail dépend fortement du type de sol, de son mode d’occupation, en interaction avec le pédoclimat. Selon ses caractéristiques, le stockage dans le sol est plus ou moins limité.
Plusieurs pratiques permettent de maintenir et accroître la captation de carbone, comme notamment l’augmentation de biomasse restituée au sol par les couverts végétaux. Cette couverture des sols nus en périodes automnales se développe avec les obligations liées à la conditionnalité et à la « directive nitrates ».
L’autre avantage est de réduire les fuites d’azote dans l’eau grâce à la captation de nutriments. Les entrées de carbone par la minéralisation dépendent des pratiques culturales. La mise en place de couvert végétaux est indispensable pour augmenter le stock de carbone, par les parties aériennes, mais aussi par les parties racinaires. En effet, ces dernières sont déjà présentes dans le sol et s’humifient deux fois mieux que les parties aériennes.
Grâce à la photosynthèse, les cultures utilisent le carbone de l’air pour synthétiser de la matière organique. Quand cette dernière n’est pas récoltée (résidus de cultures, couverts restitués au sol…), elle devient source d’énergie pour les microorganismes du sol qui participent à l’amélioration de la structure et de la porosité et offrent ainsi une meilleure résilience face aux périodes de sécheresse. Ainsi, au-delà de l’intérêt pour le climat et l’atténuation du changement climatique, le stockage de carbone dans les sols présente des intérêts agronomiques et environnementaux.
L’empreinte carbone est un indicateur environnemental mis en avant dans la protection de l’environnement. En tant qu’agriculteur, vous vous questionnez peut-être sur le bilan carbone de votre exploitation. Le service environnement Cerfrance BFC est à votre disposition si vous souhaitez plus de renseignements : conseil@bfc.cerfrance.fr