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Viticulture : s’adapter dès aujourd’hui au climat de demain

Si le changement climatique s’évalue sur une échelle de temps plutôt longue, ses effets sont déjà visibles aujourd’hui dans toutes les régions viticoles, de manière plus ou moins inégale selon les régions du monde. D’après l’INRAE, les vignobles européens semblent être les premiers pour lesquels des changements ont été observés.
gros plan d'un vigneron travaillant dans ses vignes

Les impacts du changement climatique sur la viticulture

Les effets du changement climatique ont des conséquences directes sur la viticulture :

Hausse générale des températures, ayant pour conséquence un décalage des cycles végétatifs

Le cycle de la vigne est raccourci et tous les stades de développement de la plante sont avancés dans l’année. Par conséquent, le calendrier des interventions sur la vigne évolue, ce que l’on observe notamment avec les dates de vendanges, qui deviennent plus précoces (« D’après le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, les vendanges ont lieu en moyenne 18 jours plus tôt qu’il y a 40 ans, et cette tendance ne devrait que se renforcer », Terra Vitis). Cependant, les risques sur la vigne sont importants : du fait de leur éclosion précoce, les bourgeons sont plus susceptibles d’être exposés aux gelées tardives en sortie d’hiver, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur les récoltes.

Hausse particulièrement importante en été

Ces fortes chaleurs entraînent une augmentation de l’évapotranspiration et un risque de sécheresse des sols, à la période où les besoins en eau de la vigne sont les plus élevés. Ce stress hydrique peut entraîner une diminution des rendements et de la qualité des raisins. De plus, le processus de maturation du raisin est modifié par ces chaleurs : l’acidité des fruits diminue, leur concentration en sucre augmente et, par conséquent, la teneur en alcool du vin aussi. Le changement climatique a donc un effet direct sur les profils aromatiques des raisins et sur le goût du vin.

Prédictions plus complexes sur la pluviométrie

Variations saisonnières et interannuelles, diminution des précipitations estivales et hausse de l’intensité des pluies hivernales.

Événements climatiques extrêmes

Augmentation en fréquence, en durée et en intensité des événements climatiques extrêmes (grêle, pluies diluviennes, vagues de froid, canicules…), pouvant détruire la récolte.

Ravageurs et maladies

Prolifération de ravageurs et de maladies avec les variations de températures et d’humidité, menaçant directement l’état de santé de la vigne et la production.
 

Quelles stratégies d’adaptation pour faire face à ces bouleversements ?

Il est essentiel de se placer dans une démarche d’anticipation des effets du changement climatique pour pouvoir s’y préparer. Pour cela, il faut non seulement améliorer la connaissance des zones viticoles mais aussi mettre au point des modèles prédictifs intégrant la variabilité locale des aléas.

En termes de leviers techniques pour les domaines, des pistes de solutions résident dans :

L’adaptation des calendriers d’intervention à la vigne

Notamment de la date des vendanges pour limiter les effets sur la maturation du raisin et conserver un équilibre sucre/acidité.

Le choix du matériel végétal et l’utilisation de variétés et cépages plus résistants (aux aléas climatiques, aux maladies…)

Il est par exemple possible de se tourner vers des cépages à maturation plus lente, qui mûrissent plus tardivement et sont moins gourmands en eau. Certains clones peuvent aussi être sélectionnés pour leur potentiel aromatique (raisins moins riches en sucre, plus acides…).

L’adaptation de techniques viticoles

Taille tardive (février ou mars) visant à retarder le débourrement de quelques jours, augmentation de la hauteur du tronc afin de faire bénéficier aux raisins d’un microclimat plus frais et de retarder leur maturité, limitation de l’effeuillage afin de réduire l’exposition des grappes aux rayonnements et la modification de profil aromatique.

La couverture des sols en inter-rang

Elle permet de maintenir l’humidité du sol pour prévenir les périodes de stress hydrique, tout en facilitant l’accès de la vigne aux nutriments. Les couverts présentent de nombreux atouts (entretien de la vie biologique du sol, amélioration de sa structure et de sa fertilité, limitation de l’érosion, stockage de carbone dans le sol…), mais ils peuvent générer de la concurrence avec la vigne selon la nature des espèces choisies. Une attention particulière est à porter sur le choix des mélanges pour bénéficier des avantages de l’enherbement sans mettre la vigne en difficulté.➡️ Retrouvez notre article sur ce sujet ici.

La vitiforesterie

La présence d’arbres et de haies à proximité de la vigne génère de l’ombrage qui limite l’évapotranspiration sous de fortes chaleurs. Elle permet donc de conserver l’humidité des sols et de limiter l’exposition de la vigne à la sécheresse. ➡️ Retrouvez notre article sur ce sujet ici.

 

Différents leviers, même à faible impact individuellement, peuvent être cumulés pour obtenir un effet significatif. Ces exemples constituent une liste non exhaustive de pistes possibles d’adaptation au changement climatique, certaines étant encore à l’étude. 

Au-delà de l’adaptation au changement climatique, il est également possible d’en atténuer les effets, en limitant les émissions de gaz à effet de serre ou en augmentant le stockage de carbone dans le sol. Vous souhaitez faire le diagnostic carbone de votre exploitation ? N’hésitez pas à contacter l'équipe environnement Cerfrance BFC à l’adresse conseil@bfc.cerfrance.fr 

Maylis Gruet

Maylis Gruet

Chargée de mission environnement Cerfrance BFC