Retraite du dirigeant : légendes et réalités
La retraite du dirigeant d’entreprise fait l’objet de bon nombre de mythes et de légendes. Petit tour d’horizon des principales idées reçues sur ce sujet.
Quelques idées reçues...
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Je suis artisan / commerçant, j’aurais une petite retraite !
FAUX
Dans l’imaginaire collectif, les artisans / commerçants auraient une plus petite retraite que les salariés du régime général.
Or depuis le 1er janvier 1973, la pension de retraite de base se calcule exactement comme dans le régime général, sur la base de 50 % d'un revenu annuel moyen calculés sur les 25 meilleures années. Seule différence : le régime de retraite complémentaire. Mais la retraite complémentaire, qui représente en moyenne 20% du total de la pension, ne justifie pas une telle légende. A revenu annuel moyen équivalent, l’écart est minime.
La seule explication possible tient sans aucun doute au fait que les artisans et commerçants disposent de revenus qui peuvent varier fortement d’une année sur l’autre. Ainsi, à la fin de leur carrière, certaines mauvaises années peuvent rentrer en compte dans le calcul du revenu annuel moyen.
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En optant pour un statut cadre, j’aurai une meilleure retraite !
FAUX
Comme nous venons de le voir, la légende voudrait que le salarié dispose d’une meilleure retraite qu’un travailleur indépendant. Et dans la famille des salariés, il existerait une catégorie particulièrement vernie : les cadres !
Si cela a pu être vrai à l’époque où les cadres cotisaient à une caisse de retraite complémentaire qui leur était propre (l’AGIRC), cet avantage a disparu le 1er janvier 2019 avec la fusion de l’AGIRC et de l’ARCO. Pour un cadre qui n’a pas cotisé à l’AGIRC avant cette date, le montant de la pension est donc désormais le même que pour un non cadre (à revenu annuel moyen équivalent).
Des exceptions peuvent néanmoins exister dans le cas d’entreprises ayant mis en place des contrats de retraite facultatifs destinés aux cadres.
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En augmentant ma rémunération les dernières années de ma carrière, j’aurai une meilleure retraite
VRAI & FAUX
Encore une fois, lorsque l’on comprend le mécanisme de calcul de la retraite la moyenne, on comprend également que le poids d’une seule année est très faible à l’échelle des 25 meilleures années. Ainsi l’impact de l’augmentation du revenu au cours des dernières années entraine (dans de nombreux cas) une augmentation minime de la pension (voire pas d’augmentation du tout si l’assuré dispose déjà de 25 très bonnes années).
Cet impact peut toutefois être plus important si l’assuré a cotisé de nombreuses années sur une faible base.
Des outils d’aide à la décision existent pour vous guider.
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Placer de l’argent sur mon contrat retraite facultatif (PER ou Madelin) me permet de mettre de côté pour ma retraite tout en faisant des économies
VRAI & FAUX
Les contrats de retraite facultatifs sont très répandus chez les travailleurs indépendants, mais rares sont les épargnants qui prennent le temps d’en mesurer précisément l’intérêt.
Tout d’abord, il faut savoir que, si les sommes versées sont la plupart du temps déductibles des revenus imposables du chef d’entreprise, elles sont cependant soumises à cotisations sociales (SSI ou autre). Ainsi, le chef d’entreprise paye des charges sur un revenu qu’il ne perçoit pas. Pire, certains épargnants souscrivent à ce type de contrat alors qu’ils ne sont pas (ou peu) imposables.
Enfin, si le versement sur ce type de contrat a fait l’objet d’une déduction fiscale, la rente ou le capital perçu en phase de retraite est en contrepartie fiscalisé. Il faut donc que le chef d’entreprise subisse une perte de revenu en phase de retraite suffisamment importante qui abaissera sa tranche marginale d’imposition, pour que ce placement génère de réelles économies. Dans le cas inverse, il s’agit uniquement de différer le versement de l’impôt.
Jean-Sébastien Bottineau
Responsable d'équipe conseil Cerfrance BFC