Diminuer l’âge au premier vêlage pour limiter son empreinte carbone
Les leviers liés à la gestion de la reproduction peuvent permettre une baisse importante des émissions de gaz à effet de serre d’un élevage. L’objectif recherché est de limiter les périodes improductives des animaux, par exemple en diminuant l’âge au premier vêlage ou l’intervalle vêlage-vêlage.
Dans cet article, notre spécialiste vous présente l’intérêt de diminuer l’âge au premier vêlage.
Quelles sont les pratiques actuelles ?
Sur les exploitations laitières, l'âge moyen du premier vêlage est de 29 mois, tandis que sur les exploitations allaitantes, il est de 35 mois.
L'objectif possible pour les éleveurs serait de réduire cet âge à 24 mois.
Quels avantages offre une réduction de l'âge au premier vêlage ?
Des vêlages plus précoces peuvent être intéressants sur différents aspects :
- Sur le plan environnemental : par à la diminution des effluents et des émissions de méthane issues de la rumination
- Sur l’organisation du travail : si l’âge moyen est supérieur à ses objectifs et entraine un décalage des périodes de vêlage
- Pour la gestion des fourrages et des bâtiments.
Deux cas de figure vont ainsi se présenter :
A nombre de vêlages constant | En maintenant les UGB |
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Même nombre de vêlages et diminution du nombre d’UGB pour :
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Même nombre d’UGB et hausse du nombre de vêlages pour :
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L’intérêt sera toutefois limité si les génisses permettent de valoriser des pâtures éloignées et peu mécanisables.
Et dans la pratique ?
Réduire l’âge au vêlage des génisses implique d’adapter l’alimentation pour obtenir une génisse suffisamment développée et prête pour être inséminée plus tôt.
Les objectifs pour les races les plus fréquentes sont :
Pour les bovins allaitants | Pour les bovins laitiers |
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1000 g/j de la naissance au sevrage | 900 g/j de la naissance à 6 mois |
750 g/j jusqu’à la mise à la repro (280 à 300kg au sevrage) | 750 g/j de 6 mois au vêlage |
En charolais, le poids minimum recommandé pour la reproduction est de 430 kg.
Les changements à envisager sur l’exploitation :
- Bien maîtriser le suivi des croissances, avec complémentation si nécessaire. Tous les fourrages sont possibles : l’herbe pâturée, le foin, l’enrubannage, les ensilages (herbe, maïs, sorgho, méteil…) permettent tous d’obtenir des croissances adaptées à un vêlage précoce. Une analyse permettra de connaître précisément leurs valeurs nutritives. Quel que soit le fourrage utilisé, la ration devra être équilibrée, voire complémentée afin de permettre une croissance cohérente avec les objectifs et d’adapter les apports de concentrés.
- Assurer une croissance soutenue jusqu’à 6 mois pour atteindre 30% du poids adulte
- Viser 70 à 80% du poids adulte à la reproduction (ou 60 % pour l’IA à 15 mois)
Attention au plan d’alimentation pour maintenir le gain généré par la diminution de la durée d’élevage des génisses.
Si la croissance a été trop faible au cours des six premiers mois des génisses laitières, il vaut mieux éviter de faire de la croissance compensatrice par la suite. Cela risque de favoriser le développement des tissus adipeux et de nuire à la carrière laitière.
Des abaques sont disponibles pour certaines races, comme la montbéliarde, qui présentent les objectifs de tour de poitrine selon l’âge des génisses en fonction de l’âge au vêlage recherché.
Quels impact cela a-t-il sur la production ?
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Pas de perte de production laitière dans le cas de bovins laitiers : la première lactation est moins importante (de l’ordre de 300 kg de lait en moins) mais en ramenant la production à la carrière laitière, les vaches produisent plus de lait par jour de vie, pour une quantité de concentrés moins importante.
Les génisses, qui sont plus légères lors de leur première lactation, rattrapent leur retard au 3e vêlage.
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Pour les bovins allaitants : rattrapage du poids au 2ème vêlage.
Les veaux issus des génisses en vêlage précoce sont plus légers, ce qui facilite le vêlage.
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L’impact sur le temps de travail est variable : il faut consacrer plus de temps à la surveillance des animaux (détection des chaleurs, maîtrise de la mise à la reproduction) et à la gestion de leur croissance ; mais le temps d’alimentation, de paillage/raclage est réduit.
Quels bénéfices économiques sont à prévoir ?
Réduction du coût alimentaire : au-delà de 24 mois, chaque mois d’élevage supplémentaire, une génisse consomme 8 à 12 kg MS de fourrages/jour. Gagner 3 mois sur l’âge au premier vêlage permet d’économiser 700 à 1000 kg MS/génisse élevée. Attention cependant à l’utilisation des concentrés pour soutenir les croissances. L’utilisation de sources protéiques sous forme de fourrages et/ou de concentrés produits à la ferme est possible.
Les essais menés sur la ferme expérimentale des Trinottières (49) a montré une diminution des coûts d’élevage de 10 % grâce à la mise en production plus rapide des génisses laitières.
Les essais sur l’élevage Charolais de la ferme expérimentale de Jalogny montrent quant à eux une amélioration de l’EBE de 3 à 6 % en fonction du nombre de vêlages supplémentaires.
Des vêlages plus précoces peuvent également permettre d’avoir moins d’animaux immobilisés, et ainsi de dégager des capitaux plus rapidement sur l’exploitation.