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branches de haies coupées

Les différentes voies de valorisation possibles du bois des haies

La haie est une infrastructure agroécologique aux multiples bénéfices pour les exploitations agricoles. En outre, il s’agit d’un levier de première ligne pour augmenter le stockage de carbone sur les exploitations, avec une capacité de stockage de 125 kg C pour 100 mètres linéaires de haies multi-strates.

Si son implantation et son entretien sont coûteux, de nombreux avantages peuvent cependant en être tirés, notamment sur le bien-être animal et l’atténuation des effets du changement climatique.

Il est également possible de valoriser les produits issus de l’entretien de la haie de plusieurs manières. Notre spécialiste en environnement vous expose ici les principales.

Plusieurs façons de mettre en valeur les produits résultant de l'entretien de la haie

  1. Le Bois Raméal Fragmenté (BRF)

    Paillage sur les cultures à partir de branches de bois broyées, par exemple pour restaurer un sol dégradé

  2. Le paillage avec des plaquettes de bois

    Substitution d’une partie de la paille utilisée pour le logement des animaux par des plaquettes de bois

  3. Le bois énergie

    Utilisation du bois à des fins énergétiques, pour produire principalement de la chaleur et de l’électricité

D’autres voies de valorisation peuvent être citées : 

  • Bois d’œuvre, de service ou d’industrie 
  • Valorisation de produits à base de fruits, si des arbres fruitiers sont présents dans la haie
  • Utilisation des feuilles comme fourrage complémentaire pour le bétail 
  • Chimie verte : valorisation de molécules naturelles aux propriétés anticancéreuses, anti-inflammatoires, antioxydantes ou pouvant être utilisées pour la production d’huiles essentielles ou de cosmétiques.

Focus sur le bois raméal fragmenté

Le paillage des cultures avec du BRF se fait à partir de jeunes rameaux ligneux broyés provenant de l’année en cours, voire de 2 ou 3 ans maximum. Les branches utilisées ne feront en général pas plus de 5 à 7 cm de diamètre. Les principales essences de bois utilisées appartiennent à la classe des feuillus (par exemple les espèces de bois blanc comme le peuplier et le bouleau), qui sont privilégiés aux résineux (on recommande une proportion maximale de 20%) ou aux essences riches en tanins (acacia, chêne, hêtre).

C’est un paillis assez long à se dégrader (3 à 6 mois, voire plus selon les conditions climatiques) qui doit être installé de préférence en automne/hiver si l’on veut qu’il ait le temps de se décomposer et d’apporter ses nutriments au sol avant le printemps.

ATOUTS LIMITES

Incorporer du carbone dans le sol

Créer une faim d’azote en surface du sol en début de dégradation, car les micro-organismes qui décomposent la matière organique prélèvent l’azote minéral pour l’utiliser comme « carburant » dans leur processus de décomposition

Fixer les reliquats azotés de culture

Attirer certains ravageurs comme les gastéropodes, les mulots ou les sangliers

Favoriser l’activité biologique du sol, la biodiversité et les mycorhizes

Augmenter la fertilité du sol, puisque sa dégradation par la pédofaune favorise la création d’humus et donc la disponibilité d’éléments minéraux assimilables

Réguler et stabiliser le pH car l’humus a un pH neutre

Améliorer la structure et la texture du sol grâce au travail de brassage par la pédofaune et donc de décompaction

Réguler les besoins en eau : en absorbant l’humidité et en la restituant lentement ; en réduisant l’évaporation, le lessivage et l’érosion du sol (couverture protectrice)

Protéger le sol des aléas climatiques : rôle de régulateur thermique et lutte contre l’érosion et la sécheresse

Focus sur le paillage avec des plaquettes de bois

Il s’agit de substituer au moins une partie de la paille par des plaquettes de bois (de l’ordre de 3 cm) pour le paillage des logements des animaux. Le paillage avec 20 à 30 % de plaquettes de bois et 70 à 80 % de paille permet une bonne efficacité de la litière.

Une tonne de bois plaquette (soit 4m3 de bois déchiqueté sec) remplace une tonne de paille. Tout type de bois peut être utilisé mais les moins denses (saule, peuplier, bouleau, noisetier…) sont les plus absorbants.

A noter que la plaquette doit impérativement être sèche pour pouvoir absorber le jus de la litière : sa teneur en humidité ne doit pas dépasser 25 %.

ATOUTS LIMITES

Pouvoir absorbant aussi efficace que la paille

Nécessite un volume de stockage important, à l’abris

Bonne portance, résistance au tassement

Plus ou moins de poussière lors du paillage, selon les bois

La paille ajoutée au-dessus reste propre plus longtemps = réduction de la fréquence de paillage

Eviter les périodes de vêlage où ont lieu des phénomènes de léchage

Gain de temps au paillage dans les premières semaines et lors des curages intermédiaires, car la litière est peu épaisse et moins tassée

Litière sombre qui change les habitudes

Limite fortement les odeurs (peu de dégagement d’ammoniac)

Organisation de chantiers de plaquettes voire d’une filière locale pour optimiser les coûts et amortir le matériel

Amélioration de la fertilité et de la vie microbienne des sols après épandage (humus stable) : le fumier de plaquettes se dégrade vite et ne laisse aucun résidu lors des fauches 

Réduction de l’effet azote l’année de l’épandage (il est consommé pour dégrader le bois)

Amélioration du bien-être des animaux : moins de mammites, de blessures, de salissement

Point de vigilance : Les résineux et les châtaigniers et chênes de plus de 25 ans contiennent des tanins et terpènes qui acidifient le sol si on les épand tels quels. Pour palier ce problème, les litières contenant ces types de bois doivent être compostées pendant 2 mois à l’air libre avant épandage, ce qui permet de dégrader ces molécules.

En revanche, les litières à base de plaquettes de bois blancs, comme le frêne, le hêtre ou le saule, ou celles à base de châtaigniers et chênes de moins de 25 ans peuvent être épandues sans compostage.

Focus sur le bois énergie

Le bois énergie correspond à l’exploitation du potentiel énergétique de la ressource en bois, principalement pour produire de la chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire).

Il peut être destiné à plusieurs utilisations :

  1. L’utilisation du bois énergie directement sur l’exploitation

    Le bois-énergie peut être directement utilisé sur l’exploitation agricole pour le chauffage des bâtiments d’élevage, de l’eau à destination des veaux de boucherie ou de l’atelier laitier. Il est également possible de faire un raccordement afin de chauffer l’habitation.
    =   Production et consommation d’énergie verte sur l’exploitation
    =   Réduction des coûts en électricité et autonomie par rapport à la fluctuation des coûts de l’énergie.

  2. La vente du bois énergie dans des filières dédiées pour valorisation

    Le bois produit sur l’exploitation peut être vendus pour intégrer des filières locales de bois énergie. Il pourra par exemple être valorisé auprès de chaufferies de collectivités locales ou d’entreprises.

    Le bois énergie représente 66 % de la production de chaleur renouvelable française.

Maylis Gruet

Maylis Gruet

Chargée de mission environnement Cerfrance BFC

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