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champs de culture et champs labouré

Grandes cultures / Bovins viande / Bovins lait

Campagne récolte 2023 : vers le fameux « effet ciseau » ?

A l’heure actuelle, poussés par de bonnes récoltes mondiales et par la prolongation des accords liés au corridor Ukraine-Russie-Turquie pour l’export de céréales, les prix des principales cultures sont en train de descendre de manière continue (autour de 200 €/T de blé départ BFC au 23/05/2023).

Le prix du lait, après une forte hausse en début d’année connaît également un essoufflement.

La même tendance se retrouve côté énergies. L’obtention de sources alternatives au gaz russe en Europe, la menace de récession mondiale et la hausse des taux d’intérêts visant à limiter les effets les plus néfastes de l’inflation pour les épargnants conduisent à une réduction de l’activité et de la demande mondiale et permet une réduction des coûts de l’énergie.

Aussi, les cours des aliments, des carburants et de l’électricité notamment sont également en phase de détente après un pic critique.

Cependant, pour la plupart des exercices comptables incluant la moisson 2023, les charges ont été consenties à des prix élevés et les ventes risquent de se faire à des prix plus modestes.

Afin de vous aider à y voir plus clair concernant les différents impacts de ces hausses / baisses, nos experts filière ont réalisé une simulation à partir des données comptables de vos entreprises collectées en 2021. Voici les principaux enseignements.

Les hypothèses de travail Cerfrance BFC

Produits

Performance technique des ateliers (rendements, naissances, productivité laitière) : nous avons réalisé ces projections à partir des moyennes pluriannuelles constatées sur les exercices précédents.

Cultures :

Produits Bovins viande : + 40 % par rapport à 2021

Lait : 450 € / kL

Aides : afin de ne pas perturber la lecture et en l’absence de certitudes sur les montants qui seront réellement perçus par les entreprises, nous avons maintenu les aides à l’identique par rapport à 2021.
Les aides liées au coût de l’énergie n’ont pas été intégrées. En revanche, la hausse simulée est basée sur une hypothèse de tarif électrique réglementé.

Charges :

Principales hausses simulées par rapport à la campagne moisson 2021

Engrais 175 %
Aliments 140 %
Carburants - Lubrifiants 150 %
Travaux par tiers 130 %
Location et autres 130 %
Salaires et cotisations 110 %
Eau Gaz Electricité 111 %

 

 

 

 

 

N.b. : Ces hypothèses de travail visent à donner des tendances générales. Toutefois sur chaque entreprise, les périodes d’achat, de vente et les leviers de réduction des coûts mobilisés donneront des combinaisons très diverses de gains par rapport aux prix de vente et de pertes par rapport à la hausse des coûts poste par poste. Nous nous attendons donc à une variabilité de résultats plus importante que d’habitude.

Revenu simulé en Grandes cultures

Le revenu disponible par UTAF se situerait :

  • entre - 8  et + 10 K€ sur le plateau
  • entre 5 et 10 K€ dans la plaine.

Le niveau de prix “Blé Tendre” nécessaire pour atteindre un revenu disponible d’au moins 1 SMIC / UTAF se situerait :

  • pour le plateau entre 220 et 240 €/T
  • pour les systèmes “plaine” entre 210 et 220 €/T.
épis de blé tendre

Les produits seraient en légère baisse par rapport à 2021, laissant la hausse des charges (engrais, mécanisation et main d’œuvre principalement) impacter fortement l’EBE (entre 12 et 35 K€) puis le revenu disponible.
Il est donc important d’avoir réalisé des placements de précaution suite aux bonnes années 2021-2022 (notamment via le dispositif DEP). Ces sommes vont ainsi pouvoir assouplir la trésorerie et être réintégrées sans pénaliser fortement la fiscalité.

Selon l’opportunité et/ou le coût, l’option fiscale/sociale annuelle pourrait permettre de limiter rapidement les prélèvements obligatoires dans un contexte de trésorerie tendue. Attention toutefois, les cours peuvent varier significativement d’ici à la période de vente des cultures et ces options sont prises pour plusieurs années. Or nous n’avons aucune idée à l’instant de l’évolution prévisionnelle des résultats pour les moissons 2024 et 2025.

L’outil “marchés à terme” permettant de mieux maîtriser le risque prix présente également un intérêt particulier dans des périodes où les cours fluctuent fortement et où le contexte mondial est très instable. Dans beaucoup d’entreprises, la mobilisation de cet outil a d'ores et déjà permis de garantir un prix moyen 2023 supérieur au cours du jour de l’hypothèse simulée ici !

En revanche, la plus grande prudence s’impose cette année par rapport aux investissements compte tenu des niveaux de résultats attendus, de la hausse des taux d’intérêts et du coût des matériels.

Revenu simulé en Bovins viande

veau de race charolaise

Les entreprises à dominante Bovins viande seraient relativement préservées de ce retournement de conjoncture car :

  • Les prix de vente élevés semblent se maintenir pour la campagne malgré un ralentissement sensible de la consommation et en ricochet une augmentation des stocks en chambre froide qui laissent à penser que les prix pourraient se contracter à moyen terme.
  • Ces entreprises sont peu dépensières, de ce fait, les hausses de charges représentent des montants plus faibles que dans d'autres filières.

Les revenus disponibles / UTAF en systèmes spécialisés se situeraient autour de 31 à 33 K€.

Les indicateurs de marché montrant quelques signes d’inquiétude, il peut être bon de placer tout ou partie de la trésorerie générée (DEP ?) afin d’en disposer en cas de retournement de conjoncture futur.
La valeur des stocks demeure élevée en lien avec les prix de vente et peut constituer une part importante du résultat fiscal. Or les animaux reproducteurs notamment ne sont pas vendus et ne génèrent pas de trésorerie. Les outils de lissage peuvent permettre de limiter cet impact (moyenne triennale, étalement des revenus exceptionnels, DEP...).

Revenu simulé en Bovins lait

CAMPAGNE 2022

L’année 2022 a été très favorable pour les éleveurs laitiers. L’effet ciseaux prévu en 2023 sera plus mitigé sur les exploitations laitières notamment spécialisées lait. La grande majorité des fermes laitières de notre région est en polyculture élevage. La partie céréales est impactée au même titre que les exploitations céréalières avec une nuance sur les achats d’engrais qui ont pu être limités du fait de la valorisation du fumier. Nous avons observé que les exploitants ont été réactifs à trouver des pistes d’optimisation de leur système, passant notamment par la valorisation de leurs effluents d’élevages.

vache laitière de race Holstein

Au niveau de l’élevage, la conjoncture a été favorable en ce qui concerne les prix du lait du fait d’une offre limitée par une collecte mondiale en baisse. Les évolutions régionales du prix du lait au premier trimestre 2023 continuent d’être porteuses malgré un contexte économique plus nuancé (reprise de la production européenne et baisse des cours du beurre et de la poudre). Nous constatons une faible demande internationale des produits de grandes consommations avec une consommation par habitant en baisse, qui pourrait être compensée par la croissance démographique de l’UE 27.

Jusqu’à ce jour, les hausses des charges directes (aliments et frais d’élevage) ont été compensées par le prix du lait et la marge lait tend à s’améliorer en 2023. L’indice MILC idèle qui modélise l’évolution de la marge laitière (cf. Graphique) n’a cessé de s’améliorer. A noter que la consommation de concentré est en retrait par rapport à 2021/2022, en lien avec une meilleure qualité des fourrages.
 

Le système polyculture élevage a montré en 2022 et confirmera peut-être en 2023 son caractère résilient en limitant notamment l’effet ciseaux de la rentabilité sur ces dernières campagnes atypiques.


CAMPAGNE 2023 :

Impactées par la hausse des coûts de l’énergie et de l’aliment, les entreprises laitières présenteraient des revenus disponibles proches d’un SMIC/UTAF :

  • de 16 à 19 K€ en zone de plaine (21 / 89)
  • autour de 15-20 K€ en Haute Saône et dans le territoire de Belfort.

Ces systèmes moins productifs mais plus économes bénéficieraient ainsi de l’embellie sur les prix de vente sans subir les plus forts impacts de la hausse des charges.

Nous sommes actuellement en train de synthétiser les données des exercices “moisson 2022”. Cela nous permettra d’affiner cette projection dans les prochains mois et de pouvoir vous en dire plus.
N’hésitez pas à échanger avec votre conseiller Cerfrance BFC.

 

L’équipe Références Cerfrance BFC qui a rédigé cet article se compose de :
Filière Lait : Valérie DELACRE & Claudie PERRET
Filière Grandes cultures : Sandrine NACHT & Justine PASQUIER
Filière Bovins viande : Anaïs CHAMARAC
Animation : Olivier BOUILLOUX

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