
L’inventaire annuel, une étape clé pour votre exploitation
Trop souvent perçu comme une contrainte, il est en réalité un levier essentiel de gestion.

Faisons le point sur ce qu’est « un inventaire »
💡 L’inventaire est une photo précise et complète de ce que possède votre ferme à une date donnée (en général, la date de clôture des comptes annuels).
On y trouve, les immobilisations et les stocks.
Une obligation légale incontournable
L’inventaire n’est pas qu’une formalité : il constitue une exigence légale inscrite dans l’article L123-12 du Code de commerce. Tout chef d’entreprise doit, au moins une fois par an, vérifier l’existence et la valeur des éléments de son patrimoine, afin de garantir la fiabilité des comptes annuels. Pour les exploitants agricoles, comme pour les commerçants, les artisans et les industriels, l’inventaire physique est une étape importante de la clôture comptable.
Bon à savoir : il n’y a pas d’obligation à réaliser un inventaire au micro-Ba.
Une responsabilité du dirigeant
La réalisation de l’inventaire incombe directement au chef d’entreprise. Même si certaines tâches peuvent être déléguées, il demeure responsable des quantités et de la valeur de ses stocks. Le rôle du comptable est de s’assurer de la cohérence des stocks déclarés et de signaler toute anomalie.
Les différents types d’inventaire
La loi n'impose aucun type d'inventaire. Elle oblige simplement les entreprises à réaliser un inventaire au moins une fois par an. Ils peuvent donc le faire :
- en une seule fois : inventaire annuel,
- en plusieurs fois : inventaire tournant
- ou en continu : inventaire permanent.
Organiser efficacement le travail
Un inventaire réussi repose sur une organisation rigoureuse. Les pièces justificatives à réunir sont nombreuses :
- déclarations de stocks signées,
- déclarations de productions,
- registres d’animaux,
- relevés de livraisons,
- documents de coopératives.
Viticulteurs, cultivateurs et éleveurs doivent rassembler des données précises sur leurs productions, leurs ventes et leurs stocks. La fiabilité de la collecte d’informations conditionne la qualité des comptes.
Il n’existe pas de formalisme imposé : votre déclaration d’inventaire peut être faite sur tout support (papier, Excel, autre). Sachez que nous vous proposons des modèles adaptés à vos métiers qui permettent de ne rien oublier.
Contrôles et cohérence
L’inventaire n’est pas qu’un décompte : il implique de vérifier la logique des données. Par exemple, les rendements doivent être comparés aux moyennes de l’exploitation et de la profession, les quantités en stocks rapprochés des déclarations, et les mouvements internes analysés, notamment en présence d’ateliers différents qui peuvent avoir des interactions entre eux (par exemple, les prélèvements de grains sur la récolte pour nourrir les animaux). Ces vérifications assurent la cohérence entre la réalité de terrain et la comptabilité.
Les stocks, dans une exploitation agricole, représentent une part importante du bilan de l’entreprise et une erreur de déclaration ou d’évaluation peut avoir des conséquences significatives sur le niveau de résultat.
⚠️ Quels risques en cas d’oubli ou d’inexactitude ?
- Une image faussée du résultat et du bilan de l’exploitation.
- Des observations, voire une attestation négative de l’expert-comptable sur les comptes annuels.
- Un redressement fiscal potentiel.
- Une amende pouvant aller jusqu’à 9 000 € (art. L241-4 du code de commerce).
L’évaluation des stocks
La valorisation des stocks varie selon le régime fiscal : prix de revient, cours du jour, ou décote forfaitaire. L’enjeu est de refléter au mieux la valeur économique tout en respectant les règles fiscales.
Chez Cerfrance, les stocks sont valorisés selon deux méthodes, en fonction de l’information dont nous souhaitons disposer :
Le cours du jour
Permet de valoriser les stocks dits « économiques » qui servent à déterminer le résultat « économique » utilisé pour analyser la rentabilité de l’exploitation et de ses activités, les marges de progrès. L’objectif est de disposer de chiffres les plus proches possibles de la réalité économique de l’exploitation pour avoir une analyse non « polluée » par les décisions fiscales qui ont été prises.
Le prix de revient
Correspond à la valorisation fiscale et permet de déterminer le résultat fiscal qui servira de base de calcul à l’impôt et aux cotisations sociales. La loi prévoit des options possibles pour des calculs forfaitaires plus simples à réaliser, mais moins précis que le coût de revient. Le choix entre la méthode « de droit » ou d’une méthode forfaitaire revient au chef d’entreprise et va avoir un impact plus ou moins conséquent sur le montant du résultat.
Il est important de demander à votre comptable les tenants et aboutissants afin de choisir la méthode la plus optimale possible.
Ce que vous pouvez faire dès maintenant
- Rassembler les documents utiles (registre des bovins, stocks, déclarations TELEPAC…).
- Vérifier les rendements, les mouvements de troupeaux, les achats d’intrants.
- Prévoir un rendez-vous avec votre comptable pour anticiper la clôture.
En conclusion
Au-delà de l’obligation légale, l’inventaire est un outil de pilotage essentiel. Bien réalisé, il offre au chef d’entreprise une image fidèle de sa situation économique et favorise la prise de décision stratégique. L’exactitude des données collectées et la rigueur des contrôles garantissent la fiabilité des comptes annuels et renforcent la crédibilité de l’entreprise auprès de ses partenaires.