Résultats économiques 2023 : les principaux enjeux par filière
En attendant les réunions Fermoscopie du mois de janvier, notre équipe de conseillers "références" vous présente, filière par filière, quelques réflexions sur les résultats prévisionnels 2023.
En 2023, les résultats économiques agricoles présentent des défis majeurs, notamment dans le secteur céréalier. Malgré des rendements moyens, les coûts élevés des engrais entraînent une forte régression du résultat courant. La gestion prudente de la trésorerie, la stratégie de vente et le déblocage de placements sont cruciaux pour faire face à la hausse des charges.
Les élevages allaitants, malgré des cours de viande rémunérateurs, voient leur rentabilité impactée par la hausse des charges alimentaires. Des ajustements, tels que la réduction du chargement et des adaptations aux conditions climatiques, sont essentiels.
Dans les élevages laitiers, bien que le prix du lait soit élevé, la légère baisse des volumes et la hausse des charges affectent l'excédent brut d'exploitation. La maîtrise des coûts alimentaires demeure cruciale pour maintenir la rentabilité dans ce contexte fluctuant.
Les systèmes céréaliers en difficulté
Avec des rendements dans la moyenne quinquennale (à l’exception de l’orge de printemps) et des cours redescendus à un niveau plus habituel, les systèmes céréaliers se retrouvent cette année en difficulté en raison de la très forte hausse des charges. Ce sont bien sûr les achats d’engrais, dont le prix a plus que doublé en deux ans, qui pénalisent le plus nos exploitations céréalières. Avec des amortissements stables, le résultat courant / UTAF est en forte régression cette année et s’élève à 22 100 € en moyenne en plaine et -2 200 € sur les plateaux.
La gestion de la trésorerie a été le point clé de l’année :
- Limiter les coûts côté intrants (dates d’achat, impasses, leviers de réduction des quantités épandues…).
- Déterminer le bon compromis d'investissement pour contenir la hausse des résultats et donc des prélèvements obligatoires... tout en préservant la trésorerie par la maîtrise des futures annuités et la part d'autofinancement dans un contexte de hausse du prix d'achat du matériel.
- Le déblocage des placements qui ont pu être réalisés les bonnes années via l'épargne de précaution DEP... permet cette année 2023 de couvrir une partie des besoins en trésorerie, après en avoir étudié l'impact fiscal et social.
- La stratégie de vente a également eu un impact majeur : la sécurisation des prix sur les marchés à terme et la réalisation de ventes échelonnées, dès que le coût de production est couvert, doivent permettre de tirer son épingle du jeu. En revanche, la tendance “naturelle” à retenir les ventes dans un contexte baissier a eu un impact très défavorable sur les résultats obtenus.
Une conjoncture favorable pour les élevages allaitants mais...
Cette année encore, les élevages allaitants profitent de cours rémunérateurs sur le marché de la viande dans un contexte de décapitalisation du cheptel français. Cependant, l’importante hausse des charges, notamment du coût des aliments, impacte fortement leur rentabilité. Le résultat courant diminue cette année (-26%) et stagne ainsi à 34 100 €, soit 24 300 €/UTAF (unité de travail annuelle familiale).
Plusieurs leviers permettent de tirer son épingle du jeu malgré tout :
- Réduire le chargement pour faciliter l’autonomie alimentaire dans un contexte de réchauffement climatique.
- Adapter les dates de vêlage et de monte pour permettre une gestation en dehors des périodes de plus fortes chaleurs et favoriser la fécondité.
- Le maintien de l’équilibre alimentation / santé des animaux est primordial : pour bénéficier de cette conjoncture favorable, la productivité par vache fait la différence. La prophylaxie est également très importante car de nouvelles maladies se développent en région BFC avec le réchauffement climatique (notamment celles liées aux insectes piqueurs) et peuvent avoir un impact fort sur les troupeaux (Besnoitiose, Schmallenberg …). La vigilance face aux conditions favorables à la multiplication des insectes (limiter les zones de matières organiques en décomposition, renouveler les litières régulièrement ...) et la mise en œuvre d’une stratégie de lutte active doit désormais s’ajouter aux mesures de prophylaxie habituelles (quarantaine, distance entre lots au pâturage...).
Elevages laitiers : une conjoncture globalement favorable
Dans les élevages laitiers, bien que le prix du lait payé au producteur soit au plus haut, cela ne suffit pas pour compenser à la fois la légère baisse des volumes produits, et la forte hausse des charges dans un contexte inflationniste.
Ainsi, les producteurs de lait de plaine voient leur EBE (excédent brut d’exploitation) diminuer de 16% par rapport à 2022. Par conséquent, leur rentabilité (le ratio EBE/produit total) diminue légèrement, passant de 28% à 26%.
Toutefois, la conjoncture en 2023 reste globalement favorable : le résultat courant des producteurs de lait standard s’élève cette année à 29 700€/UTAF, ce qui est supérieur à ce qu’il était de 2015 à 2021. Pour maintenir, son résultat dans le contexte fluctuant, la maitrise du coût alimentaire reste un principe fondamental, avoir une sécurité au niveau fourrager également.
Pour aller plus loin, venez nous retrouver lors des évènements FERMOSCOPIE en Janvier 2024. Nous pourrons discuter ensemble de ses aspects technico-économiques mais aussi réfléchir ensemble à la triple performance qui s’intéresse aux aspects non chiffrés mais fondamentaux du métier d’agriculteur, comme la performance environnementale et sociale.
- Le 16 janvier de 10 h à 12 h 30 à Joigny (89)
- Le 18 janvier de 10 h à 12 h 30 à Alise-Sainte-Reine (21)
- Le 19 janvier de 10 h à 12 h 30 à Vesoul (70)
Cet article est co-signé par l'ensemble de l'Equipe Références :
Sandrine NACHT et Justine PASQUIER (Grandes cultures)
Anais CHAMARAC (Viande)
Valérie DELACRE et Stéphanie HURET (Lait)