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pulvérisation de fertilisant dans une vigne

Optimiser sa fertilisation en viticulture

Dans le cadre de l'accompagnement que nous proposons aux viticulteurs au sujet de l’impact environnemental de leurs activités, un des axes de réflexion se concentre sur la fertilisation. Plusieurs alternatives existent pour optimiser ses apports d’éléments nutritifs à la vigne.

Les engrais verts

gros plan de la légumineuse, le lupin, dans une vigneLe recours à des engrais verts est une pratique ancestrale qui consiste à implanter une culture pour augmenter la fertilité du sol et non en vue d’une récolte. Elle offre de nombreux bénéfices pour le sol et par conséquent pour la vigne :

  • Amélioration de la structure du sol sur l’inter-rang, et ainsi de la pénétration de l’eau et de l’air (jusqu’à 1,5m de profondeur)
  • Amélioration de la fertilité minérale, puisque certaines espèces permettent de transformer les éléments minéraux insolubles pour les rendre assimilables par la vigne
  • Protection contre le ruissellement et l’érosion, permettant de protéger mécaniquement le sol, d’améliorer la capacité d’infiltration de l’eau et de limiter les pertes d’éléments par lessivage
  • Apport de matière organique et stimulation de l’activité biologique du sol (biodiversité)
  • Réduction des adventices

Dans la pratique : dans la majorité des cas, l’implantation d’engrais verts passe par un semis et non par la formation d’un couvert spontané. On recommande le plus souvent les mélanges de cultures (graminées, légumineuses, crucifères) pour équilibrer les apports nutritifs.

 

Focus : Introduction de légumineuses dans les couverts végétaux

Les légumineuses sont bien connues pour leur capacité à capter l’azote atmosphérique, ce qui fait d’elles un réservoir d’azote ou une source de protéines si elles sont utilisées pour l’alimentation animale. Cette particularité, dite fixation symbiotique, permet de stimuler l’activité biologique du sol pendant la période de croissance des végétaux, mais surtout d’enrichir le sol en azote assimilable si les légumineuses sont restituées au sol après destruction. Utilisées en couvert, elles jouent donc un rôle d’engrais vert très intéressant pour la vigne et limitent le besoin de recourir à des apports azotés complémentaires.

 

Optimisation des apports d’azote minéral

L’apport d’azote pour la vigne peut également se faire par la fertilisation du sol avec des engrais minéraux ou organiques.

D’un point de vue carbone, les engrais organiques sont à privilégier pour favoriser le stockage de carbone dans le sol, mais aussi pour réduire les émissions indirectes dues à leur fabrication et à leur transport. Il est par exemple possible de restituer de la biomasse végétale au sol (par exemple du bois de taille), ou encore de lui apporter des amendements organiques type fumier ou compost s’il est possible de s’en procurer à proximité.

Dans le cadre d’une fertilisation minérale, il est possible de réduire les émissions directes et indirectes de CO2eq en optimisant les apports d’engrais et en les ajustant aux besoins en azote de la vigne. La fertilisation doit en priorité chercher à assurer le bon fonctionnement du sol, ce qui permettra par conséquent la bonne nutrition de la vigne. De plus, raisonner les apports d’engrais permet également de réduire les excès d’azote, qui peuvent provoquer une diminution de la qualité des raisins et des vins, une augmentation de la sensibilité aux maladies ou encore un défaut d’aoûtement des bois. Optimiser sa fertilisation est donc un levier à la fois pour améliorer son diagnostic carbone, mais aussi pour maintenir la vigueur et la qualité de la vigne dans le temps.

En termes de besoin en azote, les estimations suivantes peuvent être données : 30 à 60 kg N/ha pour des productions de 6 à 10 t/ha et 60 à 90 kg N/ha pour des productions de 10 à 25 t/ha.

(Source : IFV (2023))

Dans la pratique : il existe de nombreux indicateurs permettant l’optimisation de la fertilisation. Dans un premier temps, l’observation est un préalable indispensable pour appréhender la nutrition azotée de la vigne (couleur des feuilles, dimensions des sarments, développement de pourriture grise etc.). Cependant, il est parfois difficile d’interpréter l’état de la vigne car certains critères sont subjectifs. Des outils ont donc été développés pour aider à la décision et au pilotage de la fertilisation :

  • L’analyse de sol est la méthode de base pour connaître l’azote disponible dans le sol.
  • Elle peut être complétée par une analyse foliaire, plus précise que la simple observation pour interpréter la nutrition des plants.
  • La profondeur des racines, l’enherbement, l’apport d’amendements organiques et les pratiques d’entretien du sol sont également à prendre en compte dans la gestion de la fertilisation.
  • Enfin, il est possible de se tourner vers des outils optiques mesurant la quantité de chlorophylle ou alors vers des analyses du moût, bien qu’ils n’apportent pas directement de réponse à l’optimum d’azote à apporter puisque de nombreux facteurs peuvent avoir une influence sur ces indicateurs.

La viticulture de précision

Une autre manière de piloter la fertilisation de la vigne est la viticulture de précision. Cette approche s’appuie sur des technologies plus avancées que les outils cités précédemment, permettant la collecte de données spécifiques et plus précises. Ces dernières concernent notamment le type de sol, les conditions météorologiques et climatiques ou la santé de la vigne. Grâce à ces données, la viticulture de précision permet d’aider à la prise de décision sur la fertilisation mais aussi sur l’irrigation, la gestion des cultures, des maladies et des ravageurs. Elle pourrait être une solution pour concilier les enjeux de maximisation des rendements, de maintien et d’amélioration de la qualité de la production tout en réduisant les coûts, de traçabilité, de réduction de l’impact environnemental et d’adaptation au changement climatique.

Dans la pratique : les outils mobilisables en viticulture de précision sont :

  • Des drones, permettant de cartographier les vignobles et de collecter des données sur leur état
  • Des capteurs, permettant la collecte de données précises sur les paramètres du sol, la santé des plantes etc.
  • Des images satellites, permettant de surveiller des changements sur une plus longue période et d’identifier les tendances à plus grande échelle

Des logiciels permettent de traiter les données recueillies et de les rendre utilisables pour planifier les opérations culturales et gérer les vignobles dans leur ensemble.

Pour en savoir plus ...

  • Plaquette diagnostic carbone en viticulture

    Le 25/04/2024

    Plaquette diagnostic carbone en viticulture

Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à contacter notre pôle environnement sur l'adresse mail : conseil@bfc.cerfrance.fr

Maylis Gruet

Maylis Gruet

Chargée de mission environnement Cerfrance BFC

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